Être étudiant et donner des cours de japonais : interview de Hugo Mosser
Hugo Mosser, étudiant en première année de la filière ingénieur informatique sur le campus de Pau donne des cours de japonais au sein du campus.
Comment avez-vous appris le japonais ?
J’ai commencé à m’intéresser à la langue japonaise à l’âge de quinze ans. A l’époque, je ne connaissais pas vraiment le Japon à l’exception d’un ou deux mangas que je lisais de temps à autre. J’étais complètement étranger à cette culture dont je n’avais que trop peu de connaissances.
Mon intérêt pour le Japon a commencé à grandir quand j’ai eu l’opportunité de visiter Kyoto, l’emblématique ancienne capitale du Japon.
Rentré en France, j’ai immédiatement voulu apprendre le japonais pour pouvoir y retourner un jour et comprendre ce que je n’avais pas pu comprendre en y étant. Je voulais comprendre davantage cette culture si mystérieuse et si attrayante à la fois autant pour ses traditions anciennes que ses mœurs.
J’ai ensuite eu la chance de trouver un professeur particulier de japonais là où j’habitais et j’ai pu commencer à apprendre le japonais.
Une anecdote assez amusante est qu’à l'époque je ne savais pas : ma professeure de japonais, madame Martine, était enseignante à l’ex-EISTI, l’école d’ingénieur que je visais.
Comment vous est venue l'idée de donner des cours de japonais ?
En tant que président d’une association pour la culture japonaise, j’ai voulu proposer une activité culturelle qui donnerait la possibilité à des personnes n’ayant aucune base en japonais de pouvoir apprendre cette langue. Les cours de japonais n’étant plus proposés à l’école, je me suis dit qu’il fallait y remédier en organisant une initiation au japonais. Mais enseigner le japonais relevait d’un grand défi qui me motivait à me surpasser autant dans la langue que dans la méthode pour être capable de transmettre mes connaissances à des personnes totalement novices.
Pour tout dire, je ne suis pas professeur et je n’ai jamais enseigné de ma vie. Je suis juste un étudiant voulant transmettre sa passion pour la langue et la culture japonaise. Voilà donc ce qui a été mon objectif principal pour les cours de l’année passée.
Comment avez-vous entrepris cette démarche ?
J’ai commencé à proposer une initiation à la langue japonaise début octobre 2021 dans le cadre d’une activité au sein d’une association. L’idée était d’enseigner le japonais niveau débutant en suivant les cours que mon ancienne professeure donnait à l’EISTI. J’ai ainsi repris les cours qu’elle m’avait enseigné et j’ai essayé de combiner plusieurs activités pour animer les cours.
À la base, nous étions partis sur 1h de cours et 30 minutes de culture sur le Japon. Mais voyant que l’on n’avançait pas assez vite, nous avons opté pour 2h de cours et de temps à autre je donnais des anecdotes sur le Japon.
A la fin de l’année, nous faisions 30 minutes d’audio et nous jonglions entre pratique de l’oral et compréhension de textes. Nous avons finalement terminé les cours sur un examen final et un cours sous forme de jeux.
Concernant la préparation des cours, je préparais les cours environ 1h tous les week-end (le samedi pour le jeudi). Il fallait savoir quoi dire et comment le dire pour être le plus clair possible et essayer d’avoir une ligne de conduite. J’essayais de me fixer des objectifs pour chaque cours pour que mes « élèves » aient des bases rapidement.
Aux « inscriptions »,15 personnes s’étaient inscrites mais au final seulement 7 sont venues. Avec le temps, certains partaient et d’autres venaient et finalement 4 ont réussi à rester motivés et ont continué jusqu’au bout (ce qui est vraiment très bien !)
Quelles sont les qualités selon vous pour enseigner une langue étrangère ?
Je pense que pour essayer d’enseigner une langue qui n’est pas la nôtre, il faut avant tout comprendre la culture dans laquelle elle baigne et « l’apprivoiser ». Ce n’est pas donné à tout le monde d’apprendre une langue. Il faut beaucoup de motivations et d'efforts pour en maîtriser les bases et les approfondir. Mais tout le monde peut y parvenir avec du travail. C’est pour cela qu’il faut avoir de la passion, qu’il faut être passionné pour apprendre ou enseigner une langue qui n’est pas la nôtre. Bien sûr, il faut connaître les briques élémentaires que constituent la langue pour pouvoir l’enseigner mais sans passion il n’y a rien. C’est pour cela que je m’étais donné comme objectif de donner le goût de la langue japonaise à mes « élèves » pour qu’ils puissent continuer sans moi plus tard s’ils le souhaitent (en plus des bases qu’ils auraient acquises). Après tout, on représente ce que l’on enseigne donc on se doit d’être à la hauteur, au moins pas respect pour ceux qui sont venus apprendre.
Est-ce une langue compliquée à apprendre ?
Apprendre une langue est comme partir en voyage. On ne sait pas vraiment où l’on va mais on sait qu’on y va. Le japonais est une langue asiatique donc directement opposée aux langues de type latine que nous connaissons. Il faut apprendre un nouvel alphabet non pas composé de lettres uniques mais de caractères syllabiques et de sino-caractères (Kanji). L’ordre des mots n’est pas du tout le même qu’en français et il faut se rappeler d’un grand nombre de caractères. C’est je pense, ce qui est le plus compliqué. Alors oui, je pense bien que le japonais est une langue complexe et difficile à appréhender mais en se donnant les moyens tout le monde peut y arriver. Et nous n’avons pas tous le même rythme ni la même manière d’apprendre une langue. Il suffit juste de trouver le bon moyen. Et puis plus on apprend de langues, plus il est facile d’en apprendre de nouvelles. En apprenant le japonais on a déjà un pied dans le chinois et en étudiant l’allemand on peut déjà comprendre un peu toutes les langues scandinaves. Toutes les langues sont liées d’une certaine façon.
Qu'est-ce qu'enseigner, apprendre aux autres, vous a-t-il apporté ?
Je pense qu’enseigner m’a permis de mieux approfondir mes bases en japonais mais surtout de comprendre les attentes de mes « élèves ». D’une certaine manière, on est responsable de ce qu’on leur apprend et l’on doit trouver la bonne formulation ou le bon cheminement pour transmettre ses connaissances. C’est ce qui est le plus dur à mon avis car on a envie qu’ils réussissent, on a envie qu’ils comprennent ce que l’on comprend.
En donnant une initiation à la langue japonaise, je pense que je suis plus attentif au besoin des autres et à la manière de leur apporter des informations. Mais aussi je suis beaucoup plus enclin à prendre la parole en public.
Tout le monde devrait essayer de prendre son temps et de partager quelque chose à un ami ou un proche. Comme je dirais, l’enseignement est source d’enseignements.