Être femme scientifique : entretien avec Marjolaine Puel
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A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes 2021, CY Tech a souhaité mettre en lumière des femmes scientifiques. Nous sommes allés à la rencontre de Marjolaine Puel, directrice du département Mathématiques de CY Tech.
Femme en sciences et mathématiques appliquées : pouvez-vous nous présenter votre parcours et votre métier ?
Ma formation principale en mathématiques m’a été donnée à l’université Pierre et Marie Curie où j’ai fait mes études en licence (L3), master et doctorat. J’ai en parallèle intégré l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées dont j’ai été diplômée ce qui m’a permis de me rendre compte de l’étendue des métiers scientifiques accessibles après des études d’ingénieur. Après avoir fait plusieurs post-doc en France et à l'étranger, j’ai été nommée maître de conférence à l’université de Toulouse pour mon premier poste à 30 ans, ce qui était assez tard à l’époque pour une mathématicienne. J’ai ensuite été nommée professeur à Nice et depuis cette année à CYU. Je suis enseignant-chercheur, c’est à dire que je partage mon temps entre l’enseignement à l’université et la recherche. Je suis aussi ce que l’on appelle une mathématicienne appliquée : ma recherche concerne par exemple l’étude des équations que les physiciens utilisent pour modéliser des phénomènes que l’on peut observer. J’essaie de décrire les solutions de ces équations et d’établir des liens mathématiques rigoureux entre les solutions de différents modèles correspondants à des états physiques différents mais proches.
Les métiers scientifiques et de la recherche sont souvent considérés comme des métiers d’hommes. En tant que femme de sciences, qu’en pensez-vous ?
De réels efforts, parfois même un peu maladroits, sont faits pour encourager les femmes à s’engager vers des carrières scientifiques. A mon avis, il est important d’intervenir dès le collège pour donner confiance aux jeunes car c’est souvent à ce moment là qu’on se décourage. Je suis optimiste. J’écoute beaucoup la radio, j’ai remarqué que de plus en plus de femmes sont interviewées pour donner leur avis de spécialiste. Si je regarde trois générations en arrière, je me rends compte des progrès considérables que la société a pu faire. Bien sûr, c’est encore rageant de devoir parfois écarter des préjugés pour gagner la confiance de certains interlocuteurs.
Selon vous, qu’est-ce qu’apporte le fait d’être une femme dans les métiers de la Recherche et de la Science ?
Rien. Indépendamment de cette question de sexe, chacun peut trouver sa place : les brouillons pleins d’idées, les maniaques, les taiseux, les bavards, les dessinateurs, les solitaires, aussi bien que ceux qui détestent travailler seul ! Je crois qu’on a tous en commun une certaine obsession du problème non résolu mais chacun la vit à sa façon.
Qu’est ce qui vous passionne le plus dans votre métier de mathématicienne ?
Je n’ai pas décidé d'être mathématicienne et j’ai toujours pensé qu’une fois que j’aurai assez appris, je pourrai, pourquoi pas, faire autre chose. J’en suis toujours là ! Le domaine est si vaste ! Mais ce qui me fascine le plus, c’est qu’une rencontre, même virtuelle, une discussion devant un tableau ou sans tableau permet d’entamer un dialogue. Parfois, la communication est difficile au début, on pense qu’on ne se comprendra définitivement jamais ! Et, à force de persévérance, on découvre qu’on s’intéresse au même type de questions, la discussion devient de plus en plus enjouée, on devient complice sans parfois se connaître.
De quoi êtes-vous le plus fière ?
D’avoir pu travailler avec des scientifiques formidables !
Quels conseils donneriez-vous à une jeune femme qui souhaiterait poursuivre dans le domaine des mathématiques appliquées ?
Travailler, travailler, travailler et à mon avis, cela s’applique à tous les secteurs ! C’est peut-être mon seul regret, ne pas avoir assez travaillé mais j’ai encore beaucoup de temps devant moi.
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