Découvrez l’interview de Simon Nadal et Chiara Zanato, chercheurs à CY Tech et BioCIS, sur leurs travaux innovants contre le myélome multiple et leur engagement dans la sensibilisation aux cancers du sang.
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots vos parcours et ce qui vous a amenés à travailler sur cette thématique ?
Simon Nadal : Je suis chercheur en chémobiologie au laboratoire BioCIS (Université Paris-Saclay, CY Cergy Paris Université, CNRS). Avant de rejoindre le monde académique, j’ai travaillé comme expert en spectrométrie de masse chez Sebia, où j’ai participé au développement d’un test de haute sensibilité pour le suivi de la maladie résiduelle dans le myélome multiple. Cette expérience m’a permis de mesurer l’impact concret que peut avoir l’innovation scientifique pour les patients. J’ai choisi de rejoindre l’université pour pouvoir explorer des questions importantes et encore non résolues sur le myélome, avec l’ambition de contribuer au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. CY Cergy Paris Université m’a permis d’intégrer le programme Chaire Talents de CY Initiative, qui soutient mes travaux dans cette perspective
Chiara Zanato : Je suis maîtresse de conférences dans le laboratoire BioCIS à CY Cergy Paris Université, spécialisée en chimie médicinale. Mon travail porte sur la conception et l’évaluation de nouvelles molécules à visée thérapeutique. J’ai rejoint BioCIS pour mettre mon expertise en synthèse chimique au service de projets translationnels, notamment sur le myélome multiple.
Qu’est-ce que Septembre rouge représente pour vous, en tant que chercheurs/enseignants/étudiants ?
Septembre rouge est une campagne qui donne une visibilité essentielle aux cancers du sang et à la recherche dans ce domaine. Pour nous, c’est aussi une opportunité de partager nos travaux avec un public plus large, de sensibiliser et d’impliquer la société civile. La recherche n’avance pas seule, elle progresse grâce au soutien collectif.
Concrètement, sur quels aspects portent vos travaux ?
Nos recherches se déclinent en trois grands axes :
1. Pin1, une protéine clé du myélome : nous développons de nouvelles molécules pour la dégrader, grâce à des approches innovantes comme les PROTACs, dans le cadre du projet PinAppLE.
2. L’épigénétique : nous étudions comment les modifications des histones influencent la progression du myélome et la résistance aux traitements, en particulier aux corticoïdes.
3. Les antigènes : nous explorons le rôle que pourraient jouer certains antigènes dans l’initiation et la progression de la maladie, en collaboration avec nos collègues du CHU de Nantes.
Quels sont, selon vous, les enjeux majeurs autour des cancers du sang aujourd’hui ?
Malgré les progrès thérapeutiques, ces cancers restent incurables et marqués par des rechutes. L’un des enjeux majeurs est donc de comprendre les mécanismes de résistance aux traitements existants et d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. Un autre défi est de mieux détecter et suivre la maladie pour améliorer la prise en charge des patients, ainsi que de mieux comprendre les stades précoces à risque pour ralentir la progression dès le début.
En quoi vos recherches peuvent-elles avoir un impact pour les patients et leurs familles ?
Nos travaux visent à ouvrir de nouvelles pistes thérapeutiques pour les formes résistantes du myélome multiple. Ils apportent aussi une meilleure compréhension des mécanismes biologiques de la maladie. À terme, cela pourra contribuer à développer des traitements plus ciblés, plus individualisés et plus efficaces, et – nous l’espérons – à offrir de nouvelles perspectives d’espoir pour les patients et leurs proches.
Comment les étudiants de CY Tech peuvent-ils être impliqués dans ce type de projets ?
Les étudiants peuvent participer activement à ces recherches à travers des stages (M1 et M2 et ING2/3), des projets courts intégrés dans leur cursus ou même, après leurs études, un doctorat. Plusieurs étudiants de CY Tech sont déjà impliqués dans nos travaux, ce qui leur permet de contribuer à une recherche de pointe tout en se formant aux méthodes expérimentales et aux approches interdisciplinaires.
Est-ce que vos travaux se font en lien avec des hôpitaux, associations ou entreprises ?
Oui. Nous travaillons notamment en collaboration avec le CHU de Nantes, via l’équipe de la professeure Sylvie Hermouet, experte en hématologie et en immunologie. Nous interagissons aussi avec des partenaires académiques et industriels, afin de rapprocher la recherche fondamentale des applications cliniques. Dans le cadre de la création du nouvel Institut de Recherche en Santé des Territoires par CYU et le GHT NOVO, nous sommes en échange avec le service d’hématologie de l’hôpital de Pontoise afin de renforcer les liens entre les deux institutions.
Quels défis rencontrez-vous dans vos recherches ?
Un premier défi est la complexité biologique du myélome multiple, qui implique de multiples mécanismes encore mal compris. Un autre défi est technologique : développer des molécules suffisamment précises et innovantes pour cibler des protéines jusque-là considérées comme “indruggables”.
Mais les défis ne sont pas seulement scientifiques. Sur le plan opérationnel, la recherche se heurte aussi à un manque de temps et de ressources humaines et financières. C’est justement pour répondre à ces besoins que l’équipe s’investit chaque année dans la campagne Septembre Rouge, à travers notamment une vidéo de sensibilisation destinée à faire connaître les avancées de la recherche et à mobiliser le public autour du myélome multiple.
Qu’est-ce qui vous motive au quotidien à travailler sur un sujet aussi exigeant ?
Ce qui nous motive, c’est la conviction que nos découvertes et nos molécules peuvent contribuer in fine à développer des nouvelles perspectives pour les patients. La recherche est exigeante, mais elle est aussi porteuse de sens : nous apportons une pierre à l’édifice collectif de la lutte contre le cancer.
Quel message aimeriez-vous transmettre aux futurs étudiants intéressés par la recherche et la santé ?
La recherche en santé est une aventure collective, stimulante et profondément utile à la société. Elle est interdisciplinaire, beaucoup de métiers et expertises y participent : médecins, chercheuses, cliniciennes, infirmières, techniciennes et d’autres. Cette carrière demande de la rigueur, de la curiosité et beaucoup de persévérance. À ceux qui veulent s’engager dans cette voie, nous dirions : osez franchir le pas, car vos compétences et votre créativité peuvent réellement faire une différence.
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